Le petit café TDAH
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Répit-TransitPremière rencontreVraiment, on ne peut pas dire que cette année scolaire a été bien tranquille. Les bonnes nouvelles se mélangent avec les mauvaises, vice versa. Facile de tout trouver noir autour de soi lorsqu'on se sent seul avec son problème. Il y a environ deux semaines (début mai 2001, donc), j'ai eu la chance de parler avec la plus récente psycho-éducatrice qui s'occupe (malgré le peu de temps à sa disposition) de A. Elle me mentionne alors l'existence d'un groupe d'aide, une sorte de service de répit pour étudiants du primaire, auquel pourrait participer notre petit. Elle m'explique qu'il est retiré de sa classe pendant quelques semaines. Il fait alors partit d'un petit groupe d'enfants qui sont suivis de près par des spécialistes, tout en continuant à suivre leurs cours réguliers. Ça me semble intéressant. Elle me dit qu'elle va nous recontacter pour tenter d'organiser une rencontre avec le responsable de ce projet. Les jours passent, Sandra est appelée par la direction de l'école, une rencontre est organisée. Je trouve très intéressant de noter que les deux personnes qui nous rencontrent (une directrice adjointe de l'école et l'organisateur du projet) ont pris la peine de se déplacer pour venir nous voir au travail de Sandra. Merci! C'est bien apprécié! Voici donc en quelques mots le résumé de cette réunion. (Je reprends ce qui a été dit par les divers participants à ma manière. Ce qui se trouve ci-dessous n'est pas une retranscription de cette rencontre.) L'organisateur et la directrice nous disent qu'ils comprennent bien notre décision de ne pas donner de ritalin à A. puisqu'ils sont eux-mêmes opposés à l'utilisation du ritalin. Ça commence assez bien. L'organisateur nous demande quand même d'expliquer le pourquoi de notre décision. S'en suit alors (pour la Xième fois cette année) un résumé de ce que nous pensons du ritalin, des risques de Gilles de Latourette, etc. Pas très amusant, ça prend environ dix minutes avant de passer à autre chose. Honnêtement, je commençais à me fâcher de devoir m'expliquer de nouveau, et pendant aussi longtemps. À bien y penser, ça ne commence pas si bien que ça. Une fois le sujet clos, on nous explique en quoi consiste Répit-Transit. Si j'ai bien compris, le principe est le suivant: un étudiant avec des troubles de comportement est retiré de sa classe pendant quelques semaines (de 8 à 12). Pendant ces semaines, il ira à une autre école où il sera intégré à un petit groupe d'étudiants qui, comme lui, ont besoin d'aide. Une telle classe comporte 7 ou 8 étudiants et deux intervenants, je crois (par exemple: un professeur et un psycho-éducateur). L'étudiant est alors suivi de près et les situations difficiles peuvent être corrigées rapidement. Après quelques semaines, l'étudiant est graduellement réintégré à sa classe originale (quelques heures par jour dans sa vieille classe, le reste dans la petite classe). Au besoin, quelqu'un peut aussi nous accompagner à la maison pour voir s'il est possible d'apporter quelques changements à notre façon de faire les choses. Le concept nous semble intéressant. Et nous nous disons qu'A. aurait bien besoin d'un répit de son prof. et d'un milieu où il ne semble pas accepté/compris. Par contre, nous sommes tout près de la fin de l'année scolaire. A. ne pourra profiter de cette nouvelle école que pendant trois semaines. Mais nous nous disons que c'est mieux que rien. On nous explique alors que nous devrons rencontrer un comité d'acceptation qui nous posera quelques questions. Pas de problème, il nous fera plaisir de rencontrer le comité. J'en profite pour demander à l'organisateur quelle est son approche pour tenter de corriger les comportements des étudiants en difficulté. Je ne suis pas tout à fait certain de sa réponse, mais il ne semble pas y en avoir. Le principe tourne autour d'un bon encadrement. J'espère que c'est assez. Rencontre avec le comitéUne semaine plus tard, nous rencontrons le comité. Tout le monde me semble plutôt sympathique. Nous connaissons déjà l'organisateur (rencontré lors de la première rencontre) et un des intervenants qui est un ancien psycho-éducateur qui s'est occupé de A. Tout le monde se présente. Ça va bien. L'organisateur commence alors en expliquant aux autres personnes que Sandra et moi préférons ne pas donner de ritalin à A., malgré les séquelles psychologiques qu'il doit subir du fait qu'il est rejeté par ses compagnons de classe et qu'il doit être bien malheureux d'être hyperactif. (Ce n'est pas littéralement ce qu'il a dit, mais ça résume assez bien cette introduction assez particulière. Une chance qu'il n'aime pas le ritalin. Imaginez si ça avait été le contraire!) Je trouve donc que ça va un tantinet moins bien. La rencontre dure à peu près une heure. Nous discutons de ce qui se passe avec A., de ses comportements à l'école et à la maison, de ses tics, de ses crises, etc. Le comité a plusieurs questions et il nous fait plaisir de parler de notre approche, nos observations et nos opinions. On nous demande même ce que nous pensons du professeur d'A. Je réponds qu'elle semble capable d'enseigner, puisque A. apprend bel et bien des choses, mais qu'elle ne semble pas avoir les outils nécessaires pour "dealer" avec un tel enfant. Le reste de la rencontre s'est donc très bien déroulé. A. est accepté, reste plus qu'à régler la question du transport. On nous invite à l'amener à sa nouvelle école le lendemain. Sandra et moi sommes bien heureux. Tout changement de ce genre ne peut que lui faire du bien. Par contre, nous aurions aimé nous faire proposer cette option en début d'année plutôt qu'à la fin. Nous nous demandons aussi à qui s'adresse le répit: A. ou son professeur? Une première visiteNous voilà donc à la nouvelle école. A., incertain de ce qui l'attend, est plutôt nerveux et nous répète qu'il ne veut pas y aller. On lui explique qu'il a le droit de ne pas aimer ça et que si c'est le cas, que nous le retournerons à son ancienne école. Mais nous lui expliquons aussi qu'il doit essayer la nouvelle école quelques jours. Nous y rencontrons le psycho-éducateur qui connaît déjà A. Il lui montre sa nouvelle classe. Celle-ci est plutôt petite et chaque étudiant est séparé de son voisin par un paravent. Mais, quelle surprise, un des étudiants qui s'y trouve déjà est un ami d'A. Ils vont au judo ensemble et celui-ci souffre aussi de TDAH. Ça promet d'être intéressant. Nous allons dans le bureau du psycho-éducateur et parlons de divers détails. A. est encore un peu nerveux, mais plus rassuré qu'il y a quelques minutes. - Je veux rester ici toute la journée. Eh bien, ça va déjà mieux. Je crois qu'il a été heureux de voir son ami. Mais il ne peut rester à l'école. Il y reviendra lundi. Les deux premiers joursA. va à sa nouvelle école depuis deux jours. Difficile encore de savoir ce qu'il en pense. Il trouve qu'il travaille beaucoup, et il a 22 consignes à respecter durant la journée. Il a eu 18 sur 22 la première journée et 22 sur 22 la seconde. Je suis bien curieux d'apprendre comment se déroulera le reste de son séjour. Le reste de l'expérienceHmmm. Ce fut, comment dire, non concluant. Quoi que j'imagine que je trouve ça plus positif que négatif. Enfin, résumons la situation: après les deux premiers jours, les choses se sont gâtées. A. a commencé à avoir de bien moins bonnes feuilles de route pour ses journées, problèmes en autobus, etc. La norme semblait tourner autour des "pas très bonnes journées". Je ne décrirai pas chaque journée en détail. Je crois que la note de positivisme que je conserve de cette expérience vient du fait qu'il a enfin pu sortir d'une classe où rien ne tournait rond pour lui (et pour d'autres étudiants, parait-il) et qu'il a pu être suivi de près pendant deux semaines. De plus, parait-il que ses examens se sont bien déroulés. Nous devrions avoir ses notes auprès de son ancienne enseignante demain. Je vous en redonnerai des nouvelles. Je trouve l'expérience moins positive essentiellement à cause de son attitude au cours de ces deux semaines. À la maison, la situation s'est relativement détériorée pendant cette période, sauf pour ses derniers jours à cette école. Après la dernière journée, tout s'est mis à mieux aller à la maison. Autre note particulière: Sandra à eu deux appels du psycho-éducateur qui s'occupe de A. On peut résumer le premier appel en disant que nous avons appris qu'A. a des problèmes, qu'il est considéré comme un cas lourd et que le psycho-éducateur ne croit pas qu'il pourrait recommander de l'intégrer à une classe régulière la prochaine année. (Heureusement que nous changeons de quartier.) Le second appel a été un peu plus positif. Difficile de se sentir motivié en tant que parent lorsqu'on se fait offrir de tels commentaires. Pourquoi la situation à l'école est-elle si difficile? Derniers commentaires personnels sur cette expérience: nous nous retrouvons encore avec le problème suivant: une approche différente doit être inventée et appliquée. Répit-Transit, quoiqu'une excellente idée, ne semble pas offrir autre chose qu'un proche "suivi" de l'enfant. Ici encore, la situation est la même qu'à l'école: on tente d'aider un enfant qui a un problème hors de l'ordinaire avec des solutions applicables à des enfants "normaux". Ça ne peut pas marcher de par la nature même du problème. De plus, A., malgré son classement "lourd" est un enfant relativement doux et moral. Il fait des crises, il est très opposant, etc. Mais il n'est pas dangereux ou méchant. Son environnement lors de ce séjour a consisté de un ou deux autres enfants comme lui et trois ou quatre enfants plus agressif, difficile, etc. (Je me fis à ce que A. m'a dit quand je lui ai demandé s'il y avait "beaucoup de gentils comme lui".) J'imagine que le projet doit vivre avec des contraintes budgétaires difficiles et que rien ne peut être fait pour améliorer une telle situation, mais un tel environnement n'est pas idéal pour un enfant comme A. Ma conclusion? Il s'agit définitivement d'un pas dans la bonne direction. Mais ce n'est qu'UN pas. La route est encore longue et je crois de plus en plus que personne ne sait quel doit être le prochain pas à faire. Il faut innover, essayer quelque chose de complètement différent. Mais je ne sais pas encore quoi. |